La perception de la natation synchronisée, traditionnellement vue comme un sport exclusivement féminin, évolue. Le film Le Grand Bain (2018), réalisé par Gilles Lellouche, introduit une équipe masculine de natation synchronisée composée d’hommes quadragénaires. Cette représentation novatrice remet en question l’idée que cette discipline est uniquement féminine, ouvrant le débat sur la place des hommes dans ce sport traditionnellement dominé par les femmes.
Historiquement, la natation synchronisée a des racines dans des pratiques masculines datant de la fin du XIXe siècle. En 1891, en Grande-Bretagne, la « natation ornementale et scientifique » était déjà en vogue et comportait des compétitions exclusivement masculines. Ces premières compétitions, qui se déroulaient lors de fêtes nautiques, exigeaient des figures aquatiques réalisées sans accompagnement musical. En France, bien que la pratique ait également impliqué des hommes, elle visait principalement à promouvoir la solidarité masculine plutôt qu’à établir une forme de compétition comparable à la natation synchronisée moderne.
La natation synchronisée telle que nous la connaissons aujourd’hui a émergé au début du XXe siècle grâce à Annette Kellermann, qui a présenté un ballet nautique en 1907 à New York. Kellermann, pionnière du genre, a transformé cette pratique en un spectacle esthétique, propulsant ainsi la natation synchronisée sur le devant de la scène. Ce sport, devenu un symbole de la féminité, a été fortement influencé par l’industrie cinématographique américaine et des figures comme Esther Williams. Ce n’est qu’en 1947 que les règles ont été formalisées, et la discipline a été reconnue comme un sport officiel en 1952, mais uniquement pour les femmes.
Depuis les années 1980, la présence des hommes dans la natation synchronisée a lentement évolué. En 2014, l’introduction du duo mixte lors des Mondiaux de natation a marqué un tournant. Les premières épreuves masculines en solo ont été ajoutées en 2022, et les Jeux Olympiques de 2024 offriront la possibilité d’inclure des hommes dans les équipes de natation artistique. Bien que cette évolution soit un pas vers l’égalité, l’intégration des hommes reste encore limitée, avec seulement l’Italie et les États-Unis ayant inclus des hommes dans leurs équipes nationales.