Elle casse tous les préjugés. Valériane Ayayi-Vukosavljević, jeune maman, a retrouvé les terrains plus forte encore qu’auparavant, quelques semaines seulement après avoir accouché, sur les parquets de Basket Landes avant de s’engager en ce début juillet avec L’USK Prague. Un retour qui force le respect, qui prouve que tout est possible, et qui devrait aider à coup sûr à faire changer les mentalités. Reportage. PAR NOS ENVOYÉS SPÉCIAUX À MONT-DE-MARSAN, VANESSA MAUREL ET RUBEN DIAS. Extrait du WOMEN SPORTS N°25.
« Je me sens super bien aujourd’hui ! » Sur les parquets de l’Espace François Mitterrand à Mont-de-Marsan, Valériane Ayayi-Vukosavljević affiche un grand sourire. Comme si de rien n’était, et avec toute notre admiration, la joueuse de Basket Landes participe pleinement à l’entraînement de l’équipe. Difficile de se dire qu’elle a mis au monde un enfant il y a « seulement » deux mois…
Et quand on parle avec elle, on n’a pas fini d’être surpris. « En fait, j’ai repris l’entraînement deux semaines après avoir accouché, nous explique-t-elle. J’ai eu de la chance, puisque mon accouchement s’est très bien passé, alors j’ai rapidement pu recommencer le sport ». La reprise s’est faite petit à petit. « J’ai commencé par de la musculation légère, au poids du corps, pour franchir les étapes et reprendre la compétition après deux mois et demi. » Et tout ça… Avec son bébé ! « Je suis seule pour l’instant, le papa ne peut pas être pré- sent. Alors dès le début, j’ai amené ma fille avec moi à la salle. Elle m’a même servi de poids pour la musculation ! (rires) ».
« J’ai cru que je n’y arriverai pas »
Un exploit que même elle ne pensait pas pouvoir accomplir. « Pendant ma grossesse, lorsque je voyais mon corps changer, je disais à ma kiné : ‘je ne vais pas arriver à retrouver mon corps d’athlète, c’est impossible’. Elle me répondait ‘Fais-toi confiance, ne t’inquiète pas et tout ira bien’. Elle avait raison. Ce qui est important, c’est d’être bien accompagnée. C’est difficile de trouver les bonnes personnes, mais quand on les a autour de nous, tout se simplifie. »
Aujourd’hui, seules deux choses ont changé : un nouveau supporter dans les gradins, et la façon d’être à l’écoute de son corps. Alors que sa petite frimousse la regarde depuis les tribunes, Valériane impressionne sur les parquets. Elle est revenue de sa pause-bébé plus forte, et surtout avec une connaissance de son corps accrue. « Pendant la grossesse, on apprend davantage sur l’anatomie. C’est surprenant car lorsque nous sommes athlètes, on laisse plus facilement passer les douleurs puisqu’elles font partie de la vie sportive. Mais sur ce point-là, j’ai vraiment évolué. Je sais ce que mon corps est capable de faire. Il y a des jours faciles où l’on peut courir et sauter, d’autres où l’on est plus capable de rien et on se demande ce qu’il se passe. Il faut apprendre à composer avec. »
Composer sans se plaindre. Pas une seule seconde durant l’entraînement Valériane s’est montrée fatiguée, ou en dessous physiquement. Et sa coach ne la ménage pas. Au contraire, sur le parquet de l’Espace François Mitterrand, Julie Barennes vient de temps en temps bousculer celle qu’elle appelle « Valou ».
« Je la considère comme une autre joueuse », nous confie la coach de Basket Landes. « C’est le même processus qu’avec une fille qui revient de blessure. Il n’y a aucune différence. » Alors que l’entraînement se termine, Valériane retrouve enfin son petit bout de chou, resté calme jusque-là. Sa fille, clairement devenue la chouchoute (voire la mascotte) de l’équipe, lui apporte une force inattendue. « La voir grandir, se développer, me donne une motivation sans faille. Je ne peux pas renoncer, je ne peux pas arrêter, bien que mon corps et ma tête me demandent parfois de rester à la maison. Il suffit d’un sourire pour que je me motive de nouveau. »